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 Si nos sourires s'étaient croisés... (roméo&juliette)

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Screwdriver
R. Marlowe Weighell
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MessageSujet: Si nos sourires s'étaient croisés... (roméo&juliette)   Si nos sourires s'étaient croisés... (roméo&juliette) EmptySam 14 Sep - 21:30

Les doigts virevoltant sur le clavier de son portable, Marlowe ne fait pas vraiment attention à ce qui se passe autour de lui. C'est tout juste s'il regarde où il met les pieds. Un masque de contrariété s'est emparé de son visage, et l'air ombrageux de ses yeux, fixés sur le petit écran de son téléphone, empêche ceux qui l'accompagnent de lui adresser la parole. Aucun de ses amis - ou s'agit-il d'admirateurs ? il semble que Marlowe n'ait pas de vrais amis - n'a envie de le déranger, alors qu'il rédige son message avec une vivacité violente qu'ils ne lui connaissent pas. C'est lui le plus riche ; c'est lui qui domine le groupe, même si, en cet instant, on aurait pu commettre un coup d'état dans son dos, qu'il n'y aurait pas vu le moindre inconvénient. Une seule personne peut le mettre dans un tel état : son père. Pourquoi a-t-il un père qui maîtrise parfaitement les technologies, et qui est capable de lui envoyer un sms pour lui signaler sa profonde insatisfaction ? La froideur de ses mots fait peur au fils Weighell, qui connaît assez son paternel pour savoir qu'il va sans doute subir ses foudres dès son retour à la maison. Sans doute a-t-il appris qu'il avait raté un cours à la fac. Bien sûr, tout le monde s'en fiche ; personne ne compte les absences, et d'ailleurs, Marlowe sait très bien de quoi parlait son cours. Facile à rattraper, quand on a autour de soi des satellites fidèles. Cependant, pour son père, c'est tout simplement intolérable ; et Marlowe, n'étant que le fils, doit s'incliner. Il appuie sur la touche du point avant d'envoyer le message. Puis, l'humeur ombrageuse, il relève la tête et observe le ciel en essayant d'y trouver la sérénité nécessaire pour se calmer. Autour de lui, les garçons retiennent leur souffle. Mais Marlowe a obtenu un délai ; désormais, il lui reste juste à oublier ce petit détail jusqu'à devoir rentrer. Et à aller à son cours d'aprem...
« Alors ça l'amuse de me fliquer, hein ? » : grommelle Marlowe en rangeant son téléphone dans sa poche.
Silence autour de lui. Au fond, tous ces imbéciles prétendent l'apprécier, mais il faut admettre qu'ils sont obnubilés par la fortune que Marlowe représente. Par conséquent, ils ont encore plus peur du père que du fils, et seraient bien du genre à dénoncer le second pour se faire bien voir du premier. Oh, ça se comprend en même temps. Avoir l'oreille de Weighell, c'est assurer son avenir. Même lui agit pareil, au fond. Il fait comme tout le monde ; il accepte de suivre le rythme de son père, en sachant qu'il est déjà plus haut que tous les autres dans la hiérarchie, donc ça l'arrange bien. Il ferait mieux de ne pas les mépriser, même si il se sent exaspéré par leur attitude ; il doit plutôt remercier la providence de l'avoir placé là où il est.

Les yeux de Marlowe se posent alors sur une silhouette solitaire, tranquillement assise sur un banc à l'ombre. Il ne voit pas vraiment son visage, et celui à qui il pense est en général toujours accompagné de sa propre bande de sbires, mais malgré cela, il le reconnaît immédiatement. Jeremiah. Une petite pointe de satisfaction apparaît en lui, avant d'être submergée par l'habituelle vague de haine qu'il éprouve à son égard. Il ignore d'ailleurs s'il est vraiment la source de cette haine, ou s'il ne fait que l'emprunter ; mais peu importe ; il ne peut pas faire autrement que de le détester. C'est quelque chose de naturel, en lui : c'est sans doute pour cela qu'il est capable de reconnaître alors qu'il ne voit presque rien de lui. Les amis de Marlowe se rendent compte que quelque chose a accroché son regard et regardent dans l'ombre, mais sans vraiment paraître reconnaître le jeune homme. Évidemment. Aucun d'entre eux n'avait ce rapport aussi personnel et virulent à son égard. Jeremiah, c'est l'Ennemi. C'est la représentation même des Montgomery, et Marlowe se doit de partir en guerre contre lui. Il lève délicatement la main pour leur faire signe de le suivre, sachant parfaitement que ce n'est pas très fairplay de sa part d'aller s'en prendre à lui à plusieurs contre un. Malheureusement pour Jeremiah, la vie n'est pas toujours très juste, et certainement pas quand on sera à la tête d'une FTN dans quelques années...
« Tiens, bonjour Montgomery. Tu ne verras pas d'inconvénients à ce que je vienne m'asseoir à côté de toi ? »
Avec un petit sourire arrogant, le jeune homme prend d'assaut le banc, et s'y assoit, envahissant l'espace de Jeremiah. Ses amis se déploient autour d'eux, l'air certes un peu bête, mais tout à fait capable de réagir si quelque chose ne se passe pas comme Marlowe le désirerait. L'héritier Weighell se rapproche légèrement de l'héritier Montgomery, posant sa main sur son épaule de façon hypocrite, se faisant passer pour son ami, en fait entrant dans son espace personnel, violant son intimité.
« J'ai été absent, ce matin. Obligation professionnelle. Tu pourrais peut-être me passer tes cours ? »
Ses doigts s'agrippent un peu plus sur l'épaule de Jeremiah, insistants, prédateurs. Ses yeux s'étrécissent, fixant son visage d'un air déterminé. Marlowe n'accorde plus la moindre attention à ses camarades, qui les entourent et les regardent d'un air menaçant. Tout se passe entre Jeremiah et lui ; et quelque chose lui dit que seul lui peut vraiment y faire quelque chose. Sa menace ne risque pas de l'impressionner, d'ailleurs. Peu importe, de toute façon ; Marlowe veut juste jouer avec lui, évacuer son stress et sa déception en la faisant passer sur Jeremiah.
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C. Jeremiah Montgomery
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MessageSujet: Re: Si nos sourires s'étaient croisés... (roméo&juliette)   Si nos sourires s'étaient croisés... (roméo&juliette) EmptyDim 15 Sep - 1:08



SI  NOS  SOURIRE  S’ÉTAIENT  CROISÉS



la haine, c'est le courage qui manque aux lâches


La musique crachait dans ses oreilles un son pour le moins violent. Une espèce de rock indépendant d'un groupe encore anonyme qui, bien qu'étant de très bon goût, n'avait pas encore rencontré le succès mérité. Ce qui était par ailleurs bien regrettable. Jeremiah porta le bout de son doigt à ses lèvres, l'humecta très légèrement de sa langue et tourna la page qu'il venait de lire, avec cet air concentré qu'il arborait lorsqu'il dévorait un roman, l'intensité de ce dernier le prenant aux triples et le captivant à un point tel qu'il en oubliait tout ce qui l'entourait. Celui-ci était, à ses yeux, particulièrement intéressant, narrant l'histoire d'un jeune homme, ayant quitté le nid familial à l'âge de la majorité, auquel il parvenait sans peine à s'identifier. Tout y était écrit et détaillé. Ses galères, ses réussites, ses peines et ses joies. Les petits riens qui montraient la vie sous un jour nouveau. La profondeur du récit était telle qu'il lui semblait désormais inconcevable de rentrer chez lui sans le terminer. Eh oui, notre bel homme était quelqu'un de passionné qui s'accrochait aux petits bonheurs qui lui tombaient sous la main comme à la prunelle de ses yeux et, ce livre, en faisait partie. Il avait donc un air sérieux inscrit sur le visage et ses sourcils étaient légèrement froncés, creusant, au centre entre ces deux derniers, une petite ride du lion qui lui seyait si bien. Ce petit pli sur son joli minois accentuait la brutalité de son visage rectangulaire. Traits physiques qu'il tenait de son père, bien sûr. Le même regard, le même air distant, si ce n'est, hautain par moments. La même pâleur aussi, une peau livide, sans doute hérité de son sang britannique. Voilà près d'une heure que Jeremiah était installé sur ce banc, à l'ombre d'une espèce de croisement bien curieux entre un saule et un chêne. Qu'importe, il n'y avait pas prêté plus attention que cela, ne s'y connaissant pas assez en sylviculture ou en botanique. Le jeune homme était intelligent, certes, mais tout de même pas incollable dans tous les domaines, il ne fallait pas pousser. L'endroit sentait bon l'herbe fraîchement coupée. Une odeur de campagne que les citadins avaient bien trop tendance à oublier. Il leva le nez de son livre et inspira profondément en regardant le ciel avec attention. Pourquoi était-il seul, sur ce banc, plutôt que d'être en bonne compagnie, ailleurs ? C'était une bonne question que personne ne serait risqué à lui poser. Voilà le problème, sans doute. Le fait que personne ne cherche jamais à comprendre. L'impossibilité de distinguer l'entourage méprisable et celui qui en vaut la peine, mais je m'égare, reprenons. Il avait demandé à ses quelques amis d'aller faire un tour sans lui et avait préféré s'exiler pour se retrouver au calme, entre deux soirées prestigieuses, heures de cours ou encore même engueulades familiales. Entretenir une bonne image de soi était quelque chose d'épuisant et il s'accordait parfois quelques libertés. Même si celles-ci se limitaient malheureusement à lire un bouquin avec un bon fond sonore. Pas que cela ne lui plaisait pas, au contraire, il s'en contentait bien, simplement, cela n'avait rien à envier aux voyages du héros de son roman qui, lui, parcourait tranquillement le monde à la recherche d'amour, de gloire et de fortune, sans pression derrière lui. À croire que cette oeuvre relevait du fantastique.

Quand il rétablit son regard sur l'horizon, il remarqua du mouvement dans le champ périphérique de sa vision et tourna lentement la tête vers cette agitation. Il ne fut pas réellement surpris de voir le fils Weighell débarquer à ce moment, puisque celui-ci avait un don pour lui pourrir ses plus paisibles moments. Il glissa le marque-page entre les pages de son livre et le referma avec douceur, avant de le poser sur ses genoux, le visage impassible, mais la gorge nouée d'agacement. Il suivie donc le nouveau venu du regard, en silence et, lorsque ce dernier vint s'installer à côté de lui, tiqua légèrement, un sourcil haussé et un air dégoûté inscrit sur son visage d'ange. Ce type, ce gamin cet être totalement insupportable avait un don unique. Celui de repousser Jeremiah dans ses retranchements tout en l'excédant à un niveau si important qu'il ne pouvait pas rester insensible à ce qui se déroulait sous ses yeux. Cette main sur son épaule le gênait. La voix de Marlowe le gênait. Son regard délétère et son sourire arrogant le gênaient. Si cet enfant gâté (tout autant que lui remarquez) avait été le petit prince, alors il aurait voulu être le serpent, pour avoir le doux plaisir de mettre fin à sa misérable existence d'une simple morsure. Alors que le silence venait de se faire, le jeune homme porta ses doigts à ses oreilles pour en retirer les écouteurs, qu'il glissa dans sa poche avant de tourner les yeux vers ceux de l'enfant prodige, soutenant son regard avec intensité.

« Pardon ? Je ne t'entends pas Marlowe, désolé. »

Sa voix traînante, partant vaguement dans l'aiguë en fin de phrase, trahissait toute l'a raillerie et le sarcasme qui hantaient ses paroles. La situation en devenait même intéressante. Seul contre tous. L'ambiance entre eux était d'ailleurs électrique. Elle aurait sans nul doute collé des frissons à n'importe quel protagoniste extérieur à la scène. Tout se déroulait entre eux. Ils étaient dans une espèce de bulle dont l'un sortirait vainqueur et l'autre, profondément humilié, voire même blessé. C'était un combat perpétuel qui se répétait à chacune de leur rencontre et était le plus souvent provoqué indifféremment par l'un ou par l'autre. De toute manière, au niveau de cette bêtise humaine rebaptisée "la haine", les deux héritiers étaient au-dessus de toute catégorie. Hors compétition. Personne ne pouvait haïr autant qu'un Montgomery haïssait un Weighell et inversement. Après une courte pause donc, il reprit, chassant la main qui se trouvait sur son épaule d'un geste brusque, sec.

« Alors, qui avons-nous là ? Le maître et » Il regarda un à un les amis de Marlowe. Attitude déstabilisant s'il en est, car il sembla s'y intéresser sérieusement, les considérant (plutôt cons que sidérant d'ailleurs) un à un, avant de les ignorer royalement pour reporter son attention sur son rival de toujours. « Oh et, hum, sa meute, si je ne m'abuse ? Eh bien, jolis toutous, Weighell. Tu fais dans le bas de gamme, maintenant ? Cela m'étonne d'un être aussi raffiné que toi. » L'ironie de ses propos était pesante, lourde, aussi sèche que son timbre de voix et un sourire narquois vint s'immiscer sur ses lèvres. Il se tourna de trois-quart vers la pupille de la famille Weighell et continua, d'un air presque déçu. « Depuis quand un Weighell a-t-il besoin de sa garde personnelle pour venir s'adresser à un camarade de classe ? Aurais-tu peur de te faire dévorer, Marlowe ? »

Son regard semblait hurler tu ne m'intimides pas, je n'ai pas peur de toi. Il esquissa un sourire plus important et se détourna totalement de l'héritier, feignant l'indifférence et le désintéressement le plus total. Il le haïssait. Il le détestait. C'en était maladif. Cependant, et là était sans doute toute la nuance qui faisait que leur situation différait des conflits habituels qui déchiraient la plupart des classes ordinaires, il le respectait un minimum. Parce que Marlowe était doué, intelligent, belle gueule. Certes, moins que lui, mais suffisamment pour mériter qu'on le reconnaisse. Car même s'ils s'entêtaient tous deux à le nier, au fond, ils étaient similaires, pour ne pas dire identiques. Il répondit alors enfin à la menace que venait de lui adresser le fils Weighell, par trois mots, prononcés avec légèreté, tandis qu'il semblait absorbé par l'écran de son portable.

« Je le pourrais. » Sous-entendu qu'il ne le ferait pas, jamais. C'était on ne peut plus clair. Il jeta un regard en biais au jeune homme, guettant sa réaction avec une certaine impatience, tandis que sur ses épaules, pesaient les regards assassins des animaux de compagnie de ce cher ami.


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R. Marlowe Weighell
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MessageSujet: Re: Si nos sourires s'étaient croisés... (roméo&juliette)   Si nos sourires s'étaient croisés... (roméo&juliette) EmptyDim 15 Sep - 11:17

Les yeux de Marlowe ne quittent pas le visage de Jeremiah, détaillant le moindre pli de sa peau, la moindre imperfection de son teint délicat. Peu lui importe que, de très très loin, on pourrait croire qu'il le regarde avec un air fasciné. Car peut-être est-il fasciné par ce qu'il voit : le visage de son pire ennemi, un visage tant honni, haï, détesté avec la plus infime parcelle de son être, et pourtant familier. Force est de constater qu'il connaît intimement ses traits, comme s'il s'était efforcé d'en connaître le moindre détail, pour pouvoir en faire sa force. La haine qu'il éprouve pour Jeremiah n'est peut-être pas de lui, mais si c'est le cas, il se l'est bien appropriée. Cette figure, que dans d'autres circonstances il pourrait se surprendre à dévisager avec passion, lui qui se sent attiré par les hommes, nourrit ses sentiments négatifs. Comment peut-on être un Montgomery ? C'est une espèce si méprisable, si négligeable... et pourtant, si proche de ce qu'il est. Le Montgomery n'a tout simplement pas une tête de monstre, et cela dérange Marlowe, qui aimerait bien être le seul à jouer dans cette cour. Malheureusement, il lui faut compter avec Jeremiah, avec ses yeux diaboliques et son cœur prêt à lui à mettre des bâtons dans les roues. N'est-ce-pas cependant ce qu'il attend de lui ? Si Jeremiah se contentait de céder, il en serait déçu, et il le sait parfaitement. Ce n'est pas seulement une simple inimitié entre deux personnes ; c'est tellement plus que cela, et il semble qu'ils soient les deux seuls à s'en rendre compte. Personne n'a eu l'occasion de se mettre en travers de leurs deux regards. Marlowe y puise une force considérable. Comme si la présence de Jeremiah, aussi agaçante soit-elle, lui donne aussi la puissance. Sans lui, peut-être aurait-il déjà abandonné depuis longtemps. Peut-être en serait-il resté à l'état larvaire qu'il arborait quand ils s'étaient rencontrés pour la première fois. Distance et froideur, inimitié, mais pas vraiment de combat ; la rivalité était implicite. A présent, Marlowe a embrassé l'affrontement, et il n'aura de cesse tant que Jeremiah n'aura pas été détruit. Lui, ou son entreprise. Mais ce serait quand même si c'était lui qui cédait. L'air paraît crépiter autour d'eux, dès lors que Jeremiah enlève ses écouteurs et commence à lui parler. Sa simple réponse est capable d'augmenter la tension jusqu'à un niveau très élevé, trop élevé sans doute pour les ouailles de Marlowe qui s'agitent, mal à l'aise. Mais pas pour lui. Il aspire à cet état de tension, car c'est là où se déploie le mieux leur rivalité ; ce duel est presque devenu son existence, tout ce qui le maintient encore en vie. Quand on a goûté à cette merveilleuse sensation, on ne peut plus s'en passer ; c'est comme une drogue. Marlowe est bien placé pour le savoir : son seul petit ami fiable était un dealer. D'une certaine manière, il retrouve la même violence émotionnelle face à Jeremiah, mais cette fois dans le négatif. Un sentiment tout à fait acceptable quand il s'agit de sortir la tête hors de l'eau.

Jeremiah, évidemment, ne se laisse pas impressionner. Il se met à détailler chaque ami de Marlowe, qui sont mal à l'aise sous son regard. Évidemment, c'est un Montgomery ; même si cela l'embête de le reconnaître, c'est quelqu'un de talentueux et de parfaitement compétent. Les regards qui tuent n'ont pas de secret pour lui ; et tous ceux qui ont été vu avec un Weighell sont certains de n'avoir aucune place avec un Montgomery. Ce sont des lâches, mais Marlowe ne s'en soucie guère. Ils peuvent bien l'abandonner s'ils le veulent, ce n'est pas d'eux qu'il tire sa force, mais de Jeremiah lui-même. Rien que d'être face à lui calme ses sentiments à l'égard de son père. Qui aurait peur du père Weighell, quand on est face à Jeremiah Montgomery ? Une véritable bataille se joue, et Jeremiah sait parfaitement marquer des points. C'est précisément parce que le jeu est si serré qu'il en devient intéressant. La « meutre » de Marlowe n'en est pas vraiment une. Il est juste un noyau qui attire dans sa sphère d'influence des personnes trop faibles pour lui résister. Mais je sais que si tu avais pu leur mettre le grappin dessus, tu l'aurais fait, Jeremiah. Les critiques sarcastiques du jeune homme ne touchent pas Marlowe. Il sait très bien qu'il pourrait en dire de même de sa part, face à sa propre bande d'amis. Après, Marlowe a aussi la chance d'avoir quelques amis qui méritent vraiment d'être qualifiés comme tels, riches et intelligents, qui ne se laissent pas impressionner par lui. Ils ne sont simplement pas avec lui pour le moment. Il n'est pas sûr que Jeremiah puisse en dire autant. Mais ce serait un coup trop facile, qui manque cruellement de subtilité. Marlowe préfère une autre approche.
« Je suis ouvert d'esprit, Montgomery. Il ne faut jamais mépriser la base, car même elle est essentielle. Ton père ne t'a-t-il donc jamais appris à respecter tes ouvriers ? »
Loin de lui l'idée de défendre cette bande de bons à rien ; au fond, il partage son opinion. Aucun n'atteint le niveau nécessaire pour lui faire de l'ombre. C'est plutôt pratique, à certains moments ; mais le laisser les critiquer, c'est lui permettre de s'en prendre à lui. Marlowe, ce faisant, n'a cependant pas une seule fois quitté Jeremiah du regard. Car en vérité, cette masse de personnes n'est là que pour fournir un rempart susceptible d'empêcher Jeremiah de le fuir. Ils sont comme les murs d'une arène : plus faibles que les champions, mais assez forts pour les empêcher de s'en aller tant que le combat n'est pas terminé. Même les insultes voilées de Jeremiah ne sauraient le toucher. Précisément parce qu'elles viennent de l'héritier Montgomery, l'homme qu'il doit à tout prix abattre ; il ne fait que lui donner une raison supplémentaire de le haïr, mais il ne souffre pas de son opinion. A ses yeux, elle est néant, tout juste bonne à nourrir sa haine, désormais le moteur de sa vie.
« A vrai dire, j'avais plutôt dans l'idée de les laisser s'occuper de toi. Tu comprends, tu ne vaux pas la peine que je gaspille mon énergie pour cela. Cela dit, j'espère que tu as conscience du compliment que je te fais. Regarde bien les effectifs. »
De sa main libre, qui n'est pas agrippée à l'épaule de Jeremiah, Marlowe effectue un large et léger mouvement circulaire, avant d'arborer un sourire satisfait. Ils sont une demi-dizaine. Le Montgomery devrait se sentir honoré de devoir affronter autant d'adversaires, après tout, Marlowe aurait pu sous-entendre qu'il en valait moins. Évidemment, tout ceci est à prendre au second degré. Marlowe n'a jamais eu l'intention de lancer ses chiens de chasse sur Jeremiah ; voyons, ce serait inconvenant, et d'ailleurs, Jeremiah est à lui. C'est son affaire, et si jamais quelqu'un d'autre osait s'en prendre à lui, il y aurait fort à parler que Marlowe riposterait de façon cruelle, juste pour dire : pas touche à ma cible. D'une certaine manière, il l'avait à la fois complimenté et insulté. C'est assez courant chez lui ; il le hait, c'est certain, mais en même temps, il y a quelque chose qui le perturbe en lui. Comme s'il avait trouvé en Jeremiah la personne qui pourrait devenir l'ami fusionnel qu'il n'a jamais trouvé... Sa meilleure amie est avant tout sa meilleure alliée, mais on ne peut dire qu'ils s'apprécient réellement. Ils tiennent cependant ensemble, parce que personne d'autre ne pourrait autant les aider. L'amitié réelle, toutefois, l'amitié la plus totale, la plus intense, Marlowe ne l'a jamais trouvée. Et, quand il voit Jeremiah, il se dit que cela aurait peut-être possible. Une part profondément enfouie en lui se rend compte de leurs nombreuses différences. Toutefois, Marlowe la fait taire. Seule la haine doit exister entre eux. C'est leur destinée : ils sont rivaux à l'école, et ils seront ennemis en affaires. Mieux vaut s'habituer tout de suite à l'idée qu'il en sera toujours ainsi, parce que Montgomery et Weighell sont incompatibles. Cependant, cela ne l'empêche pas d'éprouver aussi cette note de respect à l'égard de Jeremiah. Il peut le décrier comme il le veut, mais c'est bien un adversaire à sa mesure, et il n'est pas certain de remporter la bataille finale grâce à lui. Jeremiah est le seul opposant qui serait susceptible de le battre. Comment, dans ces conditions, ne pas éprouver de l'estime pour lui ?

Jeremiah lui refuse son attention, s'efforçant de faire de sa présence un vide. Il cherche donc à l'effacer de son paysage, signe que Marlowe a atteint un de ses premiers objectifs : il a fait reculé Jeremiah. Bien sûr, Jeremiah est trop fort pour simplement reculer, il joue à son tour et parvient à mettre Marlowe dans une position difficile. Et fixer Jeremiah penché sur son écran  n'est pas quelque chose qui lui plaît. Il lui donnera ses cours. Pas parce qu'il en a besoin, mais parce qu'il en a décidé ainsi. Le jeune homme décide donc de passer à la vitesse supérieure. Sa main cueille le menton de Jeremiah et, profitant de l'effet de surprise, il l'oblige à tourner le visage vers lui. Voir le visage de son ennemi ravive à nouveau ses forces. Et même si le contact physique avec une telle personne le répugne, dans la mesure où il en est l'auteur, et que c'est Jeremiah qui doit subir la partie la plus intime du contact, il n'y voit aucun inconvénient. Au fond, c'est un peu comme de se saisir d'un petit chiot qui veut n'en faire qu'à sa tête. Non, mauvaise comparaison. Jeremiah n'est pas un chiot, c'est un loup, et il pourrait très bien lui mordre les doigts. Marlowe le dévisage quelques instants, l'air pensif, avant de lâcher :
« Tu aurais dû dire non. J'aurais respecté un refus franc de ta part. »
Aussi incroyable que cela puisse pareil, il est sincère quand il l'affirme. Cela ne veut pas dire qu'il aurait renoncé à son objectif, bien au contraire ; mais il se serait montré plus conciliant, lui donnant l'occasion d'ouvrir des négociations. Marlowe se fiche parfois pas mal de ce qu'il peut perdre pour obtenir ce qu'il veut. Il possède tellement de choses qu'en sacrifier un bon nombre ne le dérange pas. Cependant, si Jeremiah veut se battre – ce qui l'enchante –, alors ils se battront. Marlowe y va doucement. Il se contente juste de poser un doigt sur la joue de Jeremiah et d'effleurer sa peau d'un geste rapide. Attention, il ne faut pas y voir là une intention passionnée. Marlowe n'en serait pas capable. Sa motivation était assez claire : ce geste était celui d'un propriétaire qui jouit d'avoir entre ses mains sa propriété. Et Marlowe sait très bien que Jeremiah ne se méprendra pas là-dessus.
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C. Jeremiah Montgomery
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MessageSujet: Re: Si nos sourires s'étaient croisés... (roméo&juliette)   Si nos sourires s'étaient croisés... (roméo&juliette) EmptyDim 15 Sep - 13:58



SI  NOS  SOURIRE  S’ÉTAIENT  CROISÉS



la haine, c'est le courage qui manque aux lâches



Le courant passait entre eux, mais il était loin d'être positif. Il s'agissait plus d'une tension palpable, si importante, si violente qu'elle en devenait gênante. L'aura, qui émanait de ces deux personnages, était si terrifiante qu'elle prenait aux tripes. Elle nouait la gorge et coupait la respiration. Cela avait toujours été ainsi, même si, dans les grands rendez-vous mondains où ils s'étaient malheureusement retrouvés par le passé, il avait fallu s'adapter, rendre la chose plus implicite qu'elle ne l'était déjà. Une rivalité semblable divertissait les gens de la haute, mais pour Jeremiah, elle était autrement plus importante. Il ne vivait que pour elle, n'aspirait qu'à être le meilleur, dans toutes les situations, avec pour seul objectif de faire toujours mieux que Marlowe. C'était naïf, c'était idiot, mais il avait battit sa vie entière autour de cette tradition familiale digne des plus beaux romans. Inutile par ailleurs de préciser le désastre et le bouleversement que cela serait si par malheur, un jour, cette haine réciproque venait à s'annihiler. C'était tout bonnement inimaginable. Que serait le fils Montgomery sans l'ennemi Weighell ? Pas grand-chose, si ce n'est rien. Rien du tout. Une vague de colère le submergea à cette pensée. Comment pouvait-il ne penser et ne jurer que par ce gamin prétentieux qui lui faisait face ? C'était réducteur et le mettre hors-jeu semblait la seule solution envisageable pour enfin avoir la paix. Bien sûr, ce n'était qu'un rêve idyllique qu'il frôlait du bout des doigts sans jamais pouvoir y accéder. Un doux cauchemar qui constituait sa raison de vivre. Triste situation.

Chaque réplique de Marlowe, chaque regard était une claque, un vilain coup porté à des zones toujours plus sensibles. Cependant, c'était aussi un excellent entraînement face à la cruauté de la vie. Car si son père avait déjà fait le gros du travail avec lui, l'héritier et rival ici présent, avait participé à affiner l'oeuvre qu'était Jeremiah Montgomery. Par sa seule présence, il était parvenu à le consolider, le rendre toujours plus fort moralement, plus insensible aussi, durcissant de manière incroyable sa carapace et l'épaississant jusqu'à faire totalement disparaître le gamin traumatisé qui se trouvait en dessous. Du moins, c'est ce que laissait penser le jeune homme et, en ce qui concernait ce sujet, il laissait aux autres le bénéfice du doute. Ainsi donc, quand Marlowe évoqua rapidement le père de ce dernier, il toucha inévitablement une corde sensible. Les faiblesses du garçon étaient évidentes, mais c'était un choix totalement assumé que de les laisser visibles face aux plus dangereux rivaux. Ainsi, encore une fois, il forgeait son attitude et ses réactions. Une douleur qu'il s'infligeait consciemment, avec l'idée qu'il se relèverait toujours plus fort de ces épreuves. Le plus malheureux dans cette histoire était qu'il avait raison. Ainsi, l'amitié et la famille étaient inévitablement les sujets critiques qui donnaient à la confrontation tout son sens. Marlowe le savait ou du moins s'en doutait. Au fond, peut-être fallait-il le remercier pour cela. Cela dit, il n'avait pas tout à fait tort, bien au contraire. L'histoire montrait que les mouvements populaires étaient à l'origine de bien des bouleversements. Ils avaient suivi les mêmes cours, ils le savaient tous deux. Ils n'ignoraient pas non plus que le moindre faux-pas risquerait également de leur coûter cher. Dans quelque domaine que ce soit.

« Tes amis sont donc analogues à des ouvriers. Permets-moi de te dire que ton ouverture d'esprit me paraît bien limitée. »

Quelle finesse. Retourner un argument contre celui qui l'avait avancé et, risquer, dans le même temps d'éveiller une animosité endormie dans le cœur des toutous. Voilà un coup magistral. Il s'en félicita intérieurement, tout en sachant que la partie était loin d'être gagnée d'avance. Tenir tête à Weighell, était comme cesser de respirer : courageux, mais cela ne durait que quelques secondes. D'ailleurs, la bande se tenait immobile, fixant bêtement la scène. Ils se fondaient dans le décors. Ce n'est qu'à la remarque de Marlowe que Jeremiah se rendit compte qu'en effet, ils étaient assez nombreux, bien que non intimidants. Cela dit, les paroles du rival n'avaient aucun poids, aucune portée, car il était évident qu'il ne laisserait jamais quiconque s'occuper du jeune homme à sa place. Il avait trop de dignité pour participer à un acte aussi réducteur que celui-ci. Et trop de haine pour le laisser lui échapper. Comment le savait-il ? Parce qu'il ressentait la même chose, à quelques différences près. Il posa donc une main sur son torse, esquissa un sourire et, haussant les épaules, prit un air profondément touché par ce qu'il venait de lui annoncer, dans toute sa grande bonté.

« Oh, Weighell, ta générosité n'a d'égal que ton honneur. Cela me touche profondément et me va droit au coeur. »

Il reprit immédiatement son sérieux après cela. Son indifférence quant à la présence de Marlowe pouvait être interprétée comme de l'irrespect autant que comme de la lâcheté. Ce n'était pourtant ni l'un ni l'autre, mais bien du désintérêt pur et dur. Du moins, ça l'était, jusqu'à ce que ce petit bourgeois bien dans ses pompes ne se saisisse de son menton, provoquant un contact électrique. Ses pupilles se réduisirent vivement et ses muscles se raidirent plus que précédemment. Comment osait-il ? Jeremiah plongea immédiatement son regard dans celui si exaspérant de son rival. Un regard sombre, froid, ses yeux d'un bleu envoûtant accentuant cette impression de glace. Si son visage restait de marbre, son intérieur bouillonnait de rage. Un véritable volcan au bord de l'éruption. Une envie dominait son esprit : lui envoyer son poing dans la figure, mais cela semblait déraisonnable et Weighell ne valait pas tant d'égard. Du moins, pour le moment. À peine Marlowe acheva-t-il sa phrase que le jeune homme lui saisit le poignet avec vigueur, appuyant plus précisément sur le nerf pour le forcer à le lâcher. Ses ongles s'enfonçaient dans sa chair, marquant sa peau pour les prochaines heures à venir. Heures durant lesquelles il ne pourrait regarder son poignet sans que l'image du fils Montgomery ne vienne le hanter. Une manière de marquer son territoire ? Voyez cela comme vous le souhaitez. Dans le même temps et à une vitesse non négligeable, il empoigna son col et le fixa dans le blanc de l’œil, immobile, avec une candeur et une retenue toute calculée, la proximité qui les séparait précédemment nettement réduite par ce double contact. Il le tenait entre ses griffes et ne le laisserait pas lui échapper. Jamais. Pour l'affront qu'il venait de lui faire. Il approcha donc légèrement son visage de celui de son rival, regard assassin. S'il avait pu lui cracher à la figure, il l'aurait fait, mais il avait été trop bien dressé par son père pour agir de la sorte. Il lui répondit donc d'une voix sèche, au timbre très bas.

« Sois honnête avec toi-même. Un refus, aussi franc soit-il, aurait été un présent que je ne suis pas enclin à t'offrir. Remarque, je suis une âme charitable et je te fais le plaisir d'agir exactement comme tu le souhaitais. N'est-ce pas, Marlowe ? Tu sais bien que j'ai raison. »

Au moins, il était lucide sur ce point. Provocation. Envenimement de la situation sous les regards surpris de la meute. Ils hésitaient. Certains esquissèrent un mouvement en avant sans pour autant oser s'interposer. L'un des amis osa tout de même faire plus d'un pas dans leur direction, s'approchant avec courage ou inconscience du fils Montgomery, sans doute dans l'espoir de lui faire lâcher prise. Cela fonctionna, dans le mauvais sens du terme, puisque Jeremiah rejeta le poignet du fils Weighell pour tendre son bras dans sa direction, lui présentant sa paume. Geste impératif lui indiquant d'arrêter d'approcher sur-le-champ, avec une simple autorité gestuelle. Il n'eût même pas besoin de le regarder que le bon chien-chien à son maître se stoppa net. L'aversion profonde et violente qu'il ressentait à cet instant pour son rival dépassait l'entendement, cependant, il reprit, sans animosité, avec seulement une pointe de dégoût et un rictus narquois sur les lèvres.

« Qu'ils sont bien dressés. » Il lâcha le col et se redressa, reprenant ainsi une distance raisonnable.




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MessageSujet: Re: Si nos sourires s'étaient croisés... (roméo&juliette)   Si nos sourires s'étaient croisés... (roméo&juliette) EmptyDim 15 Sep - 16:15

Jeremiah Montgomery. Sans lui, rien ne serait possible. Marlowe en serait encore à vivoter, attendant de trouver un sens à son existence, qui semble s'être arrêtée six ans auparavant. Au fond, il lui doit une fière chandelle. N'ayant plus envie d'errer sans objectif, il s'est approprié celui que son père cherche à lui allouer depuis son enfance. Il a fait siennes la moindre de ses espérances. Dans ce schéma, Jeremiah est sa motivation. Celui qui lui rappelle qu'il doit continuer sur ce chemin, aussi difficile que cela puisse pareil, parce que le fardeau qu'il a accepté d'endosser sur ses épaules a fait de lui l'homme sur lequel repose le sort de toutes les entreprises Weighell. Face à lui, un autre jeune homme déterminé, qui n'a jamais hésité à devenir celui que l'on attendait de lui. Quelqu'un qui n'a pas peur des obstacles, des challenges, qui ira jusqu'au bout. Et c'est un Montgomery. Marlowe n'a pas le droit de se laisser distancer. Il préfère encore finir dernier d'une classe où il serait absent, que second dans une classe où Jeremiah serait premier. Marlowe aspire à le surpasser. En même temps, la seule idée de pouvoir perdre, de ne pas être assez fort, si elle est effrayante, l'emplit aussi de joie. Au fond, Jeremiah est l'homme dont Marlowe a besoin : un reflet de lui-même qui pourrait lui passer devant. Il le sent, il sait qu'il ne pourrait pas vivre sans lui. Mais cette pensée-même qui le sauve est aussi un poison. Se penser comme redevable à Jeremiah, lui qui n'a sans doute jamais connu tout ce qui lui a vécu, qui a toujours eu une existence lisse et sans privation - comme aurait dû l'être la sienne, sans son dealer -, est plus qu'il ne peut le supporter. Alors il ne peut plus que se battre contre lui, verbalement principalement, mais physiquement aussi ; non par le biais de la violence, qui manque cruellement de délicatesse et qui est l'apanage des faibles, mais par le truchement de gestes significatifs, de regards emplis de haine et de sourires méprisants. Voilà quel est leur combat, en attendant de pouvoir se faire perdre mutuellement de l'argent. Ces deux-là seraient capables de ruiner leurs entreprises respectives, si cela pouvait détruire l'autre. Et ils auraient tort de le faire.

Marlowe sait qu'il marque des points. Cela ne se voit pas sur le visage de Jeremiah, qui sait se contrôler, mais il le sent, tout simplement. Parce qu'il sait que c'est fait pour lui faire mal. Il aime le faire souffrir. S'il le pouvait, il ferait de sa vie un enfer, lui faisant regretter d'être né Montgomery. Il aurait aimé être là à chaque instant de félicité de Jeremiah, de pouvoir intervenir dès que le bonheur pointait le bout de son nez, et tout détruire d'un simple claquement de doigt. Il aurait aimé avoir cet immense pouvoir sur l'existence de Jeremiah. Le seul problème, c'est que s'il pouvait vraiment le faire, il serait forcé de lui consacrer la moindre part de son existence. Et penser à Jeremiah nuit et jour, hé bien... c'est un pari risqué. Marlowe ne voudrait pas être à son tour vulnérable aux attaques de Jeremiah, du moins pas plus qu'il ne l'est déjà. Là encore, l'équilibre est parfait. Quand ils cherchent à se détruire, ils y réussissent tous deux de la même manière. Avec les mêmes résultats. Aussi n'est-ce-pas étonnant de voir Jeremiah rebondir, encore et toujours, malgré les coups que Marlowe a déjà pu lui porter. L'héritier Montgomery ne se laissera briser facilement. De toute façon, ce n'est pas à l'ordre du jour. Sa réplique est si mordante qu'elle remplit Marlowe de délice et de haine. Délice, parce que cela nourrit leur jeu, parce qu'ils continuent à se haïr de plus belle en se répondant.
« Ouvriers bâtisseurs de ma gloire. C'est bien ce qu'ils sont, Jeremiah, je ne vais pas mentir pour tes beaux yeux. »
Tes beaux yeux. Marlowe n'a jamais regardé les yeux de Jeremiah, en fait, même lorsqu'il le fixe du plus profond de sa haine. Il ne voit que deux interfaces où son reflet le nargue, mais a-t-il déjà vu les yeux de Jeremiah ? L'envie de regarder pour de vrai le prend soudain, et pour ne pas céder à ce qui lui semble une curiosité fort puérile, il préfère regarder ses amis. Ceux-ci ne savent pas comment réagir à cette parole crue, et totalement honnête. Marlowe ne ment pas, c'est ainsi qu'il les envisage. Il ne leur permettrait pas de faire autre chose que ce qu'il attend d'eux. D'ailleurs, Jeremiah doit avoir les yeux marron, comme tout le monde ; la majorité des gens ont les yeux bruns.
Et peu lui importe que Jeremiah se moque de lui devant ses larrons, adoptant une posture théâtrale qui laisse entendre qu'il est en parfaite possession de ses moyens. Marlowe se contente de sourire, sachant parfaitement que tout cela fait partie de leur danse. L'air devient de plus en plus lourd. Il ne sait pas comment il fait pour respirer encore, alors que son sang commence à le brûler, l'excitation de la bataille s'emparant de lui. Il pourrait presque sentir l'odeur du sang de Jeremiah.

Il le prend par le menton, et cette fois, le contact visuel s'impose. Marlowe ne s'est pas préparé à voir le regard de Jeremiah. Il est surpris de noter, cependant, que ses yeux sont bleus. Marlowe ne s'en est jamais rendu compte, et pourtant, combien de fois a-t-il soutenu ce regard glacial ? Jamais il n'en a vu la couleur. Sauf que là, la couleur bleue s'impose à lui, et il ne peut plus nier l'évidence. Il a toujours été aveugle à Jeremiah, certes pour une bonne raison ; mais il ne sait pas à qui il a vraiment affaire. Cela l'inquiète. Qu'est-ce qu'il a manqué chez le jeune Montgomery, qui pourrait se retourner contre lui, et le mettre définitivement hors jeu ? Si il omet des détails aussi importants que la couleur de ses yeux, alors qu'il les a vus si souvent, qu'a-t-il oublié d'autre ? Marlowe réussit à garder son calme et son contrôle, mais à peine a-t-il terminé que Jeremiah réplique en lui enfonça ses ongles dans son poignet. Marlowe sourit, même s'il doit admettre que c'est quand même douloureux. Oh, juste une pensée bête : Jeremiah n'a pas les ongles très courts, ce qui, aux yeux de Marlowe, est un attribut clairement féminin. Le jeune homme est capable de penser à des bêtises pareilles alors que Jeremiah menace de lui taillader le poignet... Il va en garder la marque, ça, c'est certain ; mais du moment que son père ne le remarque pas, Marlowe n'en a rien à faire. Son géniteur en serait insatisfait, surtout s'il apprend que Marlowe n'a pas eu l'intention de le marquer à son tour. Pourquoi faire ? Ce ne sont que de vulgaires traces sur la perfection de son poignet. Une blessure de guerre. Jeremiah espère peut-être qu'il pensera à lui quand il reverra ces petites marques, au cours des prochaines heures. Il pensera à lui. Mais il ne se sent pas marqué par lui ; une marque physique ne saurait ébranler son absolue confiance.
Le jeune homme, cependant, n'est pas décidé à en rester là , il s'empare du col de Marlowe, le forçant à son tour à se rapprocher de lui. Le fils Weighell le laisse faire. Il l'a provoqué, après tout, il ne s'attendait pas à une autre réaction que celle-ci. Il aurait presque envie de rire tant il est content de le voir agir ainsi. Il n'a pas l'impression de manipuler Jeremiah, juste d'anticiper ses gestes. Il le connaît trop bien, à force de le haïr. Avec une telle proximité, l'odeur de Jeremiah assaille ses narines. Parmi les multiples fragments que Marlowe ne saurait pas décrypter, il sent un léger relent de fumée. Tabac froid ? L'odeur est trop faible pour en être sûr, mais c'est toujours une piste exploitable. Si Jeremiah fume, ça ne correspond sans doute pas au dessin du vieux Montgomery. Marlowe se sent supérieur à la simple idée que lui fait désormais très attention à sa santé. Cela dit, il est vrai qu'il a fait pire, en acceptant plusieurs fois de se droguer pour faire plaisir à son petit ami. Mais au moins, cela commence à dater.
Et il n'a toujours pas lâché le menton de Jeremiah.
Il sent la tension dans son propre groupe, quand les paroles du Montgomery jaillissent dans l'air. Ils ne comprennent pas comment quelqu'un ose dire des choses pareilles à Marlowe. Il aurait presque envie de leur dire que ce n'est rien, que tout est sous contrôle. Peut-être pas sous son contrôle, d'accord, mais il sait très bien que Jeremiah n'ira pas plus loin. Si jamais Jeremiah portait la main sur lui, c'est lui qui gagne. Mais allez expliquer ça à ces imbéciles. L'un d'eux ose d'ailleurs s'avancer, et heureusement pour lui, Marlowe est trop concentré sur ce qui se passe avec Jeremiah pour savoir de qui il s'agit. Peu importe. Jeremiah le lâche, et Marlowe est dessus. Parce que ce n'est pas lui qui l'a forcé à le lâcher. Le jeune homme se sent contrarié de n'avoir pas réussi à faire cela. Voilà que Jeremiah a marqué le point. Ils finissent enfin par se séparer, et le contact se rompt. La tension baisse légèrement, sans pour autant disparaître. Ce moment a été gâché par ses prétendus amis. Furieux, Marlowe baisse les yeux sur ses genoux pour éviter de les fusiller du regard. Il se force à adopter une voix calme et froide pour leur ordonner :
« Partez. »
Avec ces imbéciles dans les parages, il n'arrivera à rien. Ils ne comprennent rien à ce qui se passe entre Jeremiah et lui. Ils ne voient pas que, si leur haine est virulente, elle les empêche de se faire du mal. Ils se haïssent tant qu'ils ont besoin d'avoir un adversaire intact face à eux. Le Montgomery a raison : ils sont bien dressés, car ils ne protestent même pas avant de partir. Certains ont l'air parfaitement soulagés de ne plus voir ce duel. Pauvres fous. Ils ne savent pas apprécier les bonnes choses.

Marlowe attend qu'ils soient tous partis avant de reprendre vie. Son regard se relève, fixant Jeremiah, et son corps se déploie sur l'espace du banc que celui-ci lui reste. Il a conscience que son physique est une arme assez redoutable. Malheureusement, cela marche moins bien sur la plupart des garçons, qui se contentent de fixer les filles avec des yeux stupides et des bouches béantes ; mais il est toujours utile de s'assumer comme un beau gosse, capable de faire virer les gens de bord s'il en avait envie. Bien sûr, il n'en a pas la moindre envie avec Jeremiah. Il aspire à être le plus différent de lui que possible, à lui être totalement supérieur ; il ne voudrait pas de cette ressemblance-là.
« Tu n'as pas tort, répond finalement Marlowe d'une voix étrangement douce. C'est ce que je souhaitais de ta part. »
Le jeune homme observe les environs du parc pendant quelques instants, comprenant parfois pourquoi Jeremiah s'est isolé à cet endroit précis. Cela lui fait mal de le reconnaître, mais c'est précisément le lieu qu'il aurait choisi pour être seul. Parfois, la présence des autres est un poids, un boulet. S'en débarrasser est une vraie libération. Il pourrait savourer ce moment, n'était celui qui est toujours à ses côtés, et qu'il ne peut pas quitter. Parce que les choses ne peuvent se terminer ainsi entre eux-deux ; une rencontre doit se faire dans les règles de l'art, et une telle sortie serait tout simplement... bâclée. Fuir à ce niveau-là de compétition, ce serait accorder la victoire à Jeremiah. Se massant passivement le poignet, sans même se rendre compte de ce qu'il fait, Marlowe ajoute :
« Tu pourrais me remercier de les avoir fait partir. Je n'étais pas obligé de te faire ce plaisir non plus. Cela dit, tu ne m'as toujours pas donné ce que je veux vraiment. »
Les cours. Obsession inutile et ridicule, mais tout est une question de symbolique. Marlowe n'a pas besoin de rattraper un cours dont la quasi-totalité du contenu lui était déjà connue avant même d'entrer en faculté, et Jeremiah est sans doute dans le même cas que lui. Cependant, il a décidé qu'il voulait s'approprier quelque chose qui est à lui. Il ne peut plus reculer, la machine est lancée ; il le laisserait le cribler de coups, du moment qu'il obtient ce qu'il veut de lui.
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MessageSujet: Re: Si nos sourires s'étaient croisés... (roméo&juliette)   Si nos sourires s'étaient croisés... (roméo&juliette) EmptyDim 15 Sep - 19:52



SI  NOS  SOURIRE  S’ÉTAIENT  CROISÉS



la haine, c'est le courage qui manque aux lâches



Jeremiah n'avait jamais réfléchi à la manière dont il souhaitait mourir. L'inenvisageable était bien sûr de se retrouver ruiné à la suite de la perte des entreprises Montgomery, écrasées par la concurrence si terrible que représentaient les Weighell. Un héritier sans le sou, alcoolique et dépressif, anéanti moralement, incapable de se reprendre en main. Noblesse désargentée et fin d'une brillante lignée. Sombre avenir auquel il n'avait jamais osé penser. Qu'il ne redoutait pas pourtant, mais qui lui donnait l'envie de se battre. Il n'était pas concevable qu'il ne parvienne pas à ses fins. Pourtant, les chances que cela arrive un jour n'étaient pas négligeables ou du moins, égales à celles qu'il avait de s'imposer face à son rival. Chaque querelle, chaque combat perdu était un pas de plus vers ce gouffre sans fond, l'éloignant toujours plus, du chemin pourtant splendide que semblait lui avoir dessiné son paternel. Arrêtons-nous quelques instants sur ce futur. Après quelques longues années d'études, il prendrait la place de son père à la tête de la FTN et la dirigerait d'une main de maître, fréquentant assidûment les réunions commerciales, s'investissant dans la vie des entreprises jusqu'à, pourquoi pas, oser essayer de s'imposer dans le domaine politique. Il serait riche, aurait une belle villa, trois arçons, deux filles, une femme splendide, une maîtresse divine, plusieurs chiens de race et autre animaux exotiques assez rares pour être interdit à la vente. Il apprendrait très tôt à son fils aîné comment gérer un groupe d'une telle ampleur, avec sans doute les mêmes méthodes utilisées par son père, puis, arrivé à un certain âge, lui céderait sa place. Cercle vicieux dans lequel il serait projeté de force. Car il n'avait pas eu le choix. Était-ce une vie que celle à laquelle on le préparait depuis si longtemps ? Pour l'heure, il le pensait. Même si une voix, qu'il faisait taire, lui soufflait que ce n'était pas ce qu'il souhaitait, que c'était le rêve d'un autre. Pas le sien.

Le problème du jeune homme, sans doute commun aux deux protagonistes, était qu'il aimait détester son semblable. Adorer haïr. Doux paradoxe soulignant à la perfection la complexité de leur relation, basée sur des petits indices, des petits faits si implicites que seuls leurs yeux avaient la capacité de les voir. C'est aussi pour cela qu'il esquissa un sourire à la mention de ses soit disant beaux yeux. Rien n'était plus laid que la figure d'un Montgomery, si ce n'est, celle d'un Weighell. Ils se disaient gâtés par la nature, mais au fond, même si elle avait su leur accorder des avantages, ils gâchaient ces présents par leur seul comportement. Enfin. Qu'importe. Il le fixait toujours, se lamentant intérieurement. Pourquoi ce garçon, aux traits si fins, était-il extérieurement si parfait et pourtant pourri à l'intérieur ? Peut-être qu'en le blessant, il espérait ainsi ternir son insolente et vulgaire excellence. L'espoir naïf de faire ressortir le monstre qui se dissimulait derrière ce masque de beauté. Qui sait la surprise qu'il aurait pu avoir si, après l'avoir sérieusement abîme, il se rendait compte que son sang était d'un noir de jais intense. Pourtant, jusqu'à preuve du contraire, leur sang était du même rouge. Une couleur terriblement banale, bien loin du mythe du sang bleu. Le fait est que Jeremiah, malgré son déni, jalousait profondément son rival, non pas pour ses capacités qui étaient de loin égales aux siennes (et non pas inférieures, malheureusement), mais pour l'image qu'il rendait au monde. Le fils Montgomery était froid, terne, discret et solitaire. Il faisait pâle figure à côté de Marlowe, qui semblait plus vivant, plus chaud, plus haut en couleur. Cependant, à la différence de ce dernier, il paraissait plus mystérieux. Dégageait un petit quelque chose qui le rendait intriguant. En fait, ils se complétaient parfaitement. Ce qui, encore une fois, était tout bonnement irritant.

Jetant un regard à la bande qui s'éloignait, il ne fut pas mécontent de se savoir enfin seul avec son rival. Seul avec le cauchemar de son présent. Celui qui chassait ceux de son passé, en un claquement de doigt, par sa seule présence. Merci, merci pour ça. Il les regarda donc fuir, avant de rétablir son regard sur le visage d'enfant du garçon qui empiétait dans son espace vital. Sa posture, son attitude, ses comportements l'exaspéraient et pourtant, la tension, bien qu'encore assez forte, déclinait doucement, s'effaçant progressivement, sans doute sous l'influence de la distance glaciale que Jeremiah imposait. Il le dévisageait avec cette intensité qui le caractérisait. Dans une autre vie, pour sûr, Marlowe aurait été son petit animal prisonnier d'une cage de cristal, qu'il se serait amusé à faire jeûner, jusqu'à enfin céder et l'engraisser pour mieux recommencer. Un insignifiant petit insecte autour duquel il aurait attaché une ficelle pour le promener en laisse, jusqu'à peut-être un jour lui arracher les pattes, une à une. Mais dans cette vie là, l'un était le reflet de l'autre. Devait-il donc se contenter de l'observer sans jamais pouvoir le posséder réellement ? Il pouvait le toucher, le frôler, le frapper, voire même le tuer, cela n'aurait rien changé. Il lui était inaccessible et c'était frustrant, décevant. C'est aussi pour cela qu'il le haïssait. Pour cela et tellement d'autres choses. Son regard brillant glissa le long du corps de Marlowe, presque sensuellement, avant de revenir s'ancrer dans ses yeux si pétillants, avec la même indifférence. Pourtant, son comportement ne trompait pas, il venait bien de se passer quelque chose, dans l'esprit de Jeremiah. Il cligna vivement des paupières avant de se détourner enfin, appuyant son dos au dossier, croisant ses bras sur son torse et fixant l'herbe verte du parc.

Il savait bien qu'il n'avait pas eu tort. Il connaissait le fils Weighell comme s'il avait été son propre frère. Cette pensée lui retourna l'estomac et il tenta de la chasser au plus vite. Pourtant, les choses étant ce qu'elles étaient, il n'était pas criminel de souligner que la profondeur, du lien qui les unissait, pouvait sans peine s'apparenter à un lien familial, voire plus. Quand Marlowe reprit parole, Jeremiah tourna le visage vers lui et immédiatement, son regard fut attiré vers le poignet du jeune homme. Il se le massait. Il laissa donc volontairement un léger rictus victorieux trahir sa satisfaction. Lui qui le pensait finalement plus insensible que ce qu'il en avait l'air, avait la preuve qu'il se trompait. Il releva ses yeux clairs vers ceux de son rival et, toujours ce sourire mystérieusement présent aux lèvres, répondit calmement, la voix posée après ce long moment de silence, fixant par moment le poignet du garçon, pour lui indiquer clairement qu'il se trahissait sans s'en apercevoir.

« Tu n'étais pas obligé, non. Cependant, tu l'as fait et tu as pris ta décision seul, sans que j'ai besoin de me manifester. »

Qu'essayait-il de faire ? De souligner la faiblesse du jeune homme ? De lui montrer avec une certaine ironie qu'il venait de répondre à ses attentes volontairement ? Peut-être. Peut-être pas. Plus pas que être d'ailleurs. Il caressa du bout des doigts la couverture du livre qu'il avait toujours sur les genoux, avant de s'en saisir pour le poser à ses côtés, à l'opposé du fils Weighell. Il fixa un instant sa main, avant de tirer sur sa manche qui commençait à remonter, pour cacher ses propres poignets et, dans le même temps, les blessures qui s'y trouvaient.

« C'est vrai, Weighell, mais tu devrais savoir que tu n'auras rien d'autre de ma part que du mépris et une adorable petite guerre. » Il tourna son regard vers lui. « Des cours, franchement, tu pourrais trouver bien mieux que ça. » Un sourire étira ses lèvres : il se voulait moqueur, cependant, il semblait sincèrement amusé. « Ce que tu veux vraiment est beaucoup plus… » Il porta l'ongle de son index entre ses incisives, entrouvrant ses lèvres dans le même temps. Cette attitude révélait un charme dont il n'avait même pas conscience. « Intense. »




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MessageSujet: Re: Si nos sourires s'étaient croisés... (roméo&juliette)   Si nos sourires s'étaient croisés... (roméo&juliette) EmptyDim 15 Sep - 22:16

Ils sont seuls, désormais. Il n'y a personne d'autre, pas même le moindre passant. Dès que les prétendus amis de Marlowe se sont éloignés, l'endroit est devenu un désert où les deux ennemis se sont posés. Chacun aspire à une tranquillité qui est impossible tant que l'autre sera là. Si seulement ils cessaient de se comporter comme deux héritiers forcés de suivre le chemin qu'on leur désignait, et surtout forcés de se haïr... car qu'est-ce que cela lui coûterait, de rester assis à côté de Jeremiah dans le silence le plus total, refusant de briser la paix précaire qui se serait installée en mettant sur le tapis la cause de leur haine ? de toute façon, Marlowe sait déjà qu'il décevra son père. Il peut réaliser la plupart de ses rêves concernant son entreprise, mais jamais il ne pourra lui faire un héritier. Il est homosexuel, il est donc voué à s'engager dans une relation stérile. Certes, il y a toujours l'adoption, les fécondations en laboratoire, et tout cela, mais il sait très bien que son père n'accepterait pas une solution de ce type. Sa lignée est vouée à s'éteindre avec son fils unique. On comprend dès lors que Marlowe a omis de signaler ce petit détail à son père, jusque là. Il n'a pas envie de le voir déçu. Oui, Weighell père est parfaitement tolérant vis-à-vis de l'homosexualité, il ne s'en est jamais caché. Et il n'a jamais caché non plus qu'il n'accepterait pas que son fils soit autre chose qu'hétérosexuel. Il envie Jeremiah. Lui, il est certainement hétéro ; il fera tout ce que Marlowe ne pourra pas faire, il saura continuer la lignée des Montgomery, et rien qu'à cause de cela, Weighell va péricliter. Tout ça, parce que Marlowe n'est pas à la hauteur. Mais, s'il peut prouver qu'il est plus fort que Jeremiah, alors sa faute sera compensée, si elle n'est pas pardonnée. Il est vital pour Marlowe d'être plus fort que lui. Sinon, il va tout perdre. Et il tient à son héritage.

Pourquoi faut-il qu'il tienne tellement à faire du mal à Jeremiah, alors ? Le surpasser est une chose. Mais l'écraser, c'est totalement différent. Dans le premier cas, il se contente de lui passe devant. Dans l'autre, il détruit totalement sa personne. Or, force est de constater que c'est bien la seconde option qui le tente. Il ne peut pas vouloir son bonheur, il le hait trop pour cela. Ce type n'est pas normal, c'est Jeremiah. C'est un Montgomery, et il sait très bien qu'il n'y a qu'une solution face à eux : être impitoyable. Si le meurtre était légal, il y aurait longtemps que les deux familles n'existeraient plus, car elles se seraient entre-tuées de façon tellement radicales qu'il n'y aurait plus le moindre héritier debout. La rivalité entre Montgomery et Weighell ne date pas d'hier ; depuis toujours, les deux familles rêvent de détruire l'autre et de s'emparer de ses possessions. Marlowe n'est pas différent avec Jeremiah. Il veut ce qui est à lui. Parce qu'il sait que Jeremiah est, au fond, plus complet que lui. Il n'a pas mis sa vie entre parenthèses pendant quelques années à cause d'un chagrin d'amour. Marlowe a fait des choses qui le dégoûtent, quand il était au fond du trou. Il n'a pas totalement confiance en lui, il sait très bien qu'il peut replonger au moindre petit choc. Il s'est reconstruit autour de Jeremiah, alors que Jeremiah était déjà entier avant de le rencontrer. Si l'autre s'en rend compte, il risque d'avoir une arme supplémentaire contre lui... Or rien qu'à sa manière de le regarder, qui ne lui a pas échappée, il vaut mieux ne pas lui en fournir plus. Quelle est donc cette étrange lueur qui anime son regard alors qu'il observe son corps ? Bizarre qu'il ait cesser de regarder son visage pour s'intéresser à la manière dont il s'habille. Son regard revient vite sur le sien, ses yeux sont devenus à nous inexpressifs, mais Marlowe a bien vu quelque chose, et cela l'inquiète. Encore une chose qu'il ne comprend pas à propos de Jeremiah, et qui pourrait se retourner contre lui. Il a la désagréable sensation que Jeremiah a eu, l'espace de quelques instants, une idée derrière la tête. Une idée qui, bien sûr, se faisait à son désavantage.

Marlowe ne s'attend pas vraiment à un remerciement de la part de Jeremiah. Celui-ci est parfaitement capable de tourner sa grâce en faiblesse que lui n'aurait pas eu l'erreur de commettre. Tout est tellement difficile, avec lui. Marlowe a beau se le cacher, il aimerait bien penser à lui dans d'autres termes. Il voudrait cesser de voir l'ennemi, et comprendre enfin ce qui le perturbe tant en Jeremiah, en dehors de son appartenance à la famille Montgomery. Malheureusement, il ne cessera jamais de voir en lui un Montgomery, donc il y a peu de chances pour que cela se produise. Et pourtant, ils auraient pu être amis. Si seulement leurs pères n'avaient pas été leurs pères. Juste cette condition, et, Marlowe le sait, jamais il n'aurait cherché à ce point à détruire Jeremiah. Jamais il ne l'aurait haï à ce point. Mais peu importe. Il ne lui dit pas merci, et Marlowe ne saurait s'en étonné. En revanche, la suite est plus surprenante. Il observe le mouvement de Jeremiah, qui remonte lentement sa manche. Et il s'étonne de voir ce qui s'offre à son regard. Là où il a toujours imaginé une peau lisse et impeccable, il aperçoit des marques, plus ou moins anciennes, plus ou moins visibles, mais qui, toutes, laissent entendre que la moindre de ces blessures la fait souffrir. Cela n'a rien à voir avec les coups amicaux des amis, ou avec les blessures que l'on se fait accidentellement. Il y en a trop, et de dates trop variées, pour que ce soit involontaire. Marlowe sent que son sang se glace. Il ne pensait pas que voir la souffrance de Jeremiah pourrait le toucher, mais apparemment si. Le constat est sans appel : il a mal pour lui. Mais c'est ridicule, car il devrait s'en réjouir. Il n'est même pas vexé à l'idée de ne pas être l'auteur de ces marques. Leur relation ne passe pas par la violence physique, elle l'exclut purement et simplement. Curieuse haine que celle qui oublie de vouloir la souffrance physique de l'autre...
Jeremiah prend la parole, et Marlowe oublie ce qu'il vient de voir. Bien sûr. Pas de compassion possible, toujours de la haine. Il ne sait pas pourquoi Jeremiah lui a montré cela, il a l'impression d'avoir pénétré son intimité. Il ne sait rien de lui. Il le connaît parfaitement, mais il ne le connaît pas en même temps. Il peut prévoir le moindre de ses gestes, mais pas ce qu'il peut dire de sa propre vie. Quelle existence mène Jeremiah ? Est-il seulement heureux comme il est ? Toutes ces questions sans réponse sont pourtant cruciales. Marlowe ne sait plus. Et Jeremiah semble alors l'achever.

Là, pour le coup, Marlowe est véritablement déstabilisé. Perdu, il regarde Jeremiah avec hésitation, se sentant soudain sur le fil du rasoir. Il a l'impression de s'être fait dépassé. Comme si Jeremiah a compris ce qu'il essaie de faire. Alors c'est plus que des cours ? Non, c'est effectivement plus intense. Il veut avoir ce que lui a. Cependant, si ce n'était que cela, il ne se sentirait pas mal à l'aise... La posture que Jeremiah a prise est clairement suggestive. Or ce type d'agression est tout simplement mortel pour un jeune homme aussi sensible à la beauté masculine que Marlowe. Jeremiah est, comment dire... ? Irrésistible. S'il continue sur cette voie, il risque d'éveiller le désir de l'héritier Weighell. Et ce serait bien sûr une catastrophe. Marlowe déglutit. Il n'est même pas sûr que Jeremiah a vraiment conscience de ce qu'il essaie de lui dire. Il ne parle pas de haine, de rivalité ou d'indifférence. Et c'est là tout le problème ; c'est précisément ce que Marlowe ne peut pas se permettre.
« Jeremiah... »
Il voudrait tourner le regard, mais il n'y arrive pas. Il reste hypnotisé par Jeremiah et sa posture diablement sensuelle. Mon dieu. Les personnes qui le savent gay se comptent sur les doigts d'une seule main, et heureusement, Jeremiah n'en fait pas partie. Mais s'il savait... Non, Marlowe ne peut pas perdre. Il doit se contrôler. Oui, en cet instant, il sait qu'il pourrait glisser et se perdre. Toutefois, le jeu n'est pas terminé, il doit donc rester dans la course.
« Alors dis-moi ce que je veux, toi qui est si fort. A supposer que tu le saches vraiment. »
Et s'il sait ? Qu'est-ce qu'il va faire ? Admettre que c'est la vérité ? Lui rire au nez, en lui disant qu'il prend ses désirs pour des réalités, qu'il ne fait que transmettre sa propre envie sur lui ? Il sait qu'il ne va pas lui répondre, ce serait trop simple. Mais, si seulement il le faisait... Il voudrait tellement qu'il le dise. Ne pas avoir de mots sur son propre objectif le tue. Il ne veut pas avoir l'air de supplier Jeremiah pour savoir quelle est la vérité, mais il sait que c'est un peu ce qu'il fait, avec sa morgue habituelle pour compenser la honte de lui laisser cet avantage.

Il se rapproche de Jeremiah alors, une nouvelle fois, mais cette fois sans intrusion, sans volonté de le déranger. Il pénètre dans son espace avec prudence et mesure, prêt à s'arrêter s'il rencontre de la résistance. Il progresse avec lenteur, jusqu'à approcher lentement ses lèvres de l'oreille du Montgomery. Ses mots ne sont destinés qu'à lui seul ; même le vent n'a le droit de les entendre.
« Je pourrais me damner pour obtenir ce que je veux. »
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MessageSujet: Re: Si nos sourires s'étaient croisés... (roméo&juliette)   Si nos sourires s'étaient croisés... (roméo&juliette) EmptySam 21 Sep - 19:52



SI  NOS  SOURIRE  S’ÉTAIENT  CROISÉS



la haine, c'est le courage qui manque aux lâches



Jeremiah. Il frissonna. Jeremiah. Le timbre de la voix, la lenteur, l'hésitation, tout y était. Jeremiah. Il aurait commis l'impensable, il se serait mis à genoux devant lui pour lui supplier de recommencer. D'articuler, avec la même vigueur, la même once d'incompréhension, encore et toujours son prénom. Son prénom si laid, qu'il détestait tant, mais qui, entre les lèvres de ce garçon, de ce rival, de cet étranger, semblait prendre tout son sens. N'avait-il été choisi que dans ce but alors ? Celui d'être un jour prononcé de cette manière, de franchir avec tant de difficultés la barrière de ces fines lèvres qui le retenaient. Oh, bien sûr, il avait admirablement bien joué, le prince des Montgomery, à la perfection même, se laçant tête la première dans un jeu qu'il redoutait et désirait à la fois, avec une longueur d'avance qui aurait surpris le premier abruti venu, son père en l'occurrence. Seulement, à cet instant, le jeu se volatilisa. La haine avec lui. Cela ne dura que, quoi, quelques secondes, mais cela suffit amplement pour sentir ses forces le quitter et fixer Marlowe avec espoir, ardeur, attente. L'attente d'un signe, d'un geste, d'un rien assez futile pour n'être compris que de lui. Son ennemi, son redoutable ennemi. Il avait l'impression d'être en communion parfaite, de partager la même incompréhension et le même questionnement. Dis-moi, qu'est-ce qu'il nous arrive ? Qu'est-ce que nos pères ont fait de nous ? Je voudrais te l'entendre dire Weighell, dis-le, dis-le que tu m'aimes, que tu ne peux vivre sans moi. Dis-le et donne-moi cette chance de t'écraser définitivement. Il pourrait avoir peur de la suite, du regard de Weighell, mais en cet instant, il ne ressentait plus rien. Rien qu'un grand vide, un trou noir dans lequel il plongeait avec l'envie de s'y perdre. Dans les yeux du garçon dans lesquels il se noyait, doucement, lentement. C'était très douloureux. C'était si enivrant.

« Tu m'as appelé par mon prénom… »

La phrase lui échappa, glissant sur ses lèvres comme de l'eau entre les doigts. Il cligna des yeux, détourna le regard, se reprit immédiatement. La magie avait fini d'opérer. Retour en enfer, même si, persistait dans l'air surchargé, un dernier effluve poignante. Un sentiment que l'un comme l'autre rejetait avec un soin tout particulier. Il aurait voulu se frapper pour ce moment de faiblesse, mais avec un peu de recul, il comprit que ce n'était qu'un juste retour des choses, qu'ils étaient à égalité. Ce qu'il avait vu, dans les yeux pétillants de Marlowe, n'était que pur produit de son imagination. Quelle frustration. Il reportait la haine qu'il éprouvait à l'égard du Weighell sur sa propre personne sans trop le vouloir. Pourtant, il y a bien des signes qui ne trompent pas, non ? Soupirant doucement, il entreprit de lui répondre, volontairement à côté de la plaque. Si volontairement d'ailleurs que cela en devint louche. Suspect. Un fait exprès si visible qu'il valait tous les silences du monde. Parler économie plutôt que cœur. Une fatalité.

« Qu'est-ce qu'un Weighell veut ? C'est une question qui mériterait une étude approfondie tu sais. Le pouvoir ? La fortune ? C'est évident. La domination suprême sur tout être existant ? Bien sûr. Tu me demandes mes cours en sachant que je ne te les donnerais pas. C'est une pulsion ? L'envie de vouloir me contrôler alors que tu sais que tu vas échouer ? Tu es... pathétique. Marlowe, sais-tu seulement ce que tu veux, toi qui es si malin ? »

Le jeune homme se tut et renouvela le geste qu'il avait fait, quelques minutes auparavant, à savoir remonter son autre manche, jusqu'au pli du coude, mettant à l'air libre son deuxième bras à la peau bien pâle, du moins, pour quelqu'un qui vivait dans une ville aussi ensoleillée que Palm Springs. Il se tut et retint sa respiration en voyant le jeune homme s'approcher ainsi, le fixant, sans pour autant lui intimer du regard de se stopper. La situation était différente. Le temps semblait s'être enfin arrêté. Le parc était d'ailleurs désert, les plongeant davantage dans cette impression qu'ils étaient définitivement seuls au monde. Si tel était le cas, quels auraient été leurs rapports ? De l'indifférence ? La même haine ? Certainement pas. Redoutant la vérité où pourraient le mener ses pensées, Jeremiah se concentra sur la voix de Marlowe. Se damner. Un terme si fort pour exprimer quelque chose de si juste au fond. Prêt à tout. Prêt au pire. Il se recula très lentement, jusqu'à avoir son regard à hauteur de celui du Weighell. Leur visage n'étaient que peu espacés et il gardait volontairement le sien, si expressif d'un mélange indécis de sentiments, incliné vers celui de son cauchemar brun aux airs d'un ange. Une proximité qu'il s'autorisait uniquement parce que l'ambiance y était propice. Rendue ardente et électrique par la simple présence de l'héritier rival. Glacée par celle du Montgomery. Esquissant un sourire, aussi infime soit-il, ce dernier entrouvrit les lèvres et répondit d'une voix éteinte.

« Je sais. »

Que de sous-entendus dans ces deux mots pourtant visiblement sans importance. Il aurait pût le dire d'une voix amère, soulignant que c'était le propre des Weighell de se damner pour la réussite. Cependant, Jeremiah s'adressait à l'homme et non pas au nom de famille. Il profitait de ce moment, de ces quelques minutes, car il savait pertinemment que demain, ce serait comme si tout cela n'avait pas existé. Je sais, mais que savait-il au fond ? Il sentait le souffle de Marlowe frôler sa peau. C'était assez impressionnant de voir le contraste saisissant entre ces deux jeunes hommes. Lui, si froid, si imparfait et ce garçon, si brûlant, si pur. La jalousie le bouffait de l'intérieur et c'est pourquoi il s'apprêtait à reprendre ses distances, quand son portable sonna. Il sursauta presque, ne s'attendant pas à cette interruption. Au fond, elle tombait bien, car la suite lui paraissait bien incertaine, bien effrayante. Il fixa Marlowe, se recula lentement et attendit que quelques sonneries s'écoulent avant de saisir son portable pour regarder qui était la personne qui osait le déranger. Les traits de son visage se crispèrent et son masque d'impassibilité revint, aussi vite qu'il avait disparu. L'écran indiquait que l'appel entrant provenait d'un certain papa. Il releva les yeux vers son rival et décrocha, portant le portable à son oreille, tout en fixant le jeune homme.

« Oui. »

La voix à l'autre bout était puissante, féroce, déstabilisante. Crispé, Jeremiah serrait son poing par intermittence, enfonçant sans y faire attention ses ongles dans la paume de sa main. Son attitude trahissait son stress et l'agitation bouillonnait en lui. Il gardait néanmoins les yeux levés vers son rival, avec détermination. Il écouta le sermon de son père sans broncher et, malgré son teint pâle, sa voix ne flancha pas quand il reprit enfin parole.

« Tu penses que c'est utile de me dire tout ça maintenant ? » Silence radio de l'autre côté. Il inspira profondément et reprit, avec moins d'assurance, s'écrasant doucement. « Écoute, on... on en reparlera. Je serai bientôt là. Je termine de bosser et j'arrive. » Mensonge. Comme si le parc était un crime. « D'accord ? » Courte pause. « ... Réponds-moi. Si tu veux, je peux... »

La voix glaciale s'éleva à l'autre bout de la ligne. Tranchante. Son père venait de lui raccrocher au nez après un dernier mot. Il serra les dents, laissa lentement son bras retomber et fit l'affront d'éteindre son portable. Le glissant dans sa poche, il tourna le regard vers son livre. Marlowe sauterait sûrement sur cette occasion. L'enfoncer encore et toujours, le plus possible. C'était un combat moral après tout, tous les coups étaient permis. Il aurait sans doute fait la même chose. Quoique. Non. Jeremiah ne l'aurait pas fait, parce qu'il était trop respectueux pour cela. Bizarrement, bien que quelque peu abattu, il se passa une main sur le front et se tourna vers le Weighell, sourire narquois aux lèvres. Il voulait accrocher son regard, trouver au cœur de ses pupilles la force de faire comme si tout allait pour le mieux. Mascarade de toute une vie.

« On est très famille chez les Montgomery, ça marche aussi comme ça dans nos entreprises. La proximité, avec les employés, est capitale. » Il se mordit la lèvre inférieure, parvenant enfin à capter ce regard sombre qui le hantait. « Peut-on en dire de même des Weighell ? » Il n'attendait pas de réponse et, celle-ci lui importait peu. Il cherchait juste à noyer le poisson. Chose impossible, au fond.




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MessageSujet: Re: Si nos sourires s'étaient croisés... (roméo&juliette)   Si nos sourires s'étaient croisés... (roméo&juliette) EmptySam 21 Sep - 22:54

Il risque de perdre le contrôle. Il le sent. Il n'est pas sûr de pouvoir encore maîtriser son corps, ses réactions, ses envies. Il n'a jamais vraiment réfléchi à ce qu'il ressent pour Jeremiah. Pour lui, les choses ont toujours été simples : il le déteste. Il le hait plus que n'importe qui au monde, il ferait n'importe quoi pour l'écraser, pour faire de lui un néant. Il doit prouver qu'un Weighell, même un Weighell complètement vide de l'intérieur, vaudra toujours mieux qu'un Montgomery. Ce devoir est même devenu une priorité dans son existence. Sinon la seule priorité. Mais cela n'a-t-il pas viré à l'obsession ? N'a-t-il pas fini par vivre en cherchant à remplir cet unique objectif ? Il lui semble que Jeremiah est devenu son obsession, sa raison de vivre. Mais une raison négative. Il se consume de haine. Il est devenu un être de pure haine. Mais, alors que Jeremiah s'est révélé à lui sous un autre jour, Marlowe se pose des questions. Il n'ignore pas que, ce qu'il ressent pour lui à cet instant précis, c'est un véritable désir, dont la puissance même l'étonne. Comment peut-il oser désirer Jeremiah ? C'est son ennemi, son pire cauchemar. Tout en lui l'a toujours dégoûté. Il ne devrait pas se sentir sensible à ses avances. Marlowe est de plus persuadé que Jeremiah ne fait cela que pour jouer avec lui. C'est un jeu risqué : il n'a a priori aucun moyen de savoir que Marlowe est gay, et donc qu'il pourrait potentiellement succomber à son charme. Jeremiah, lui, doit être un parfait petit hétéro à l'image bien lisse, exactement ce que veulent leurs deux pères pour un fils. Il se déteste, mais oui, il pourrait succomber. Parce que Jeremiah, malgré ses désagréables attitudes, est tout simplement magnifique. Il se sentirait presque banal à côté de lui. Marlowe est d'une beauté lisse, une perfection sans âme. Mais Jeremiah, lui... son physique s'exprime, attire le jeune homme. Mais il ne saurait pas pour autant dire ce qu'il ressent vraiment. Il lit juste un reflet de son propre trouble dans les yeux de son ennemi, et il ne sait plus quoi dire ni que faire. Juste avouer qu'il ferait n'importe quoi s'il pouvait obtenir ce qu'il veut.
Mais bien sûr, il ne l'aura jamais.

Tout se brise.
Il l'a appelé par son prénom. Et il l'a fait d'une manière qui a dû être assez révélatrice. Bonjour la discrétion. Comme un idiot, il vient de montrer que oui, Jeremiah lui fait de l'effet. En d'autres temps, face à une autre personne, sans doute aurait-il admis qu'il pouvait vouloir l'autre, même si ça l'aurait dérangé de ne pas avoir eu l'initiative, de devoir avouer en premier. Cependant, face à Jeremiah, c'est tout simplement impossible. C'est un Montgomery. Marlowe a envie de rire. Quel idiot il a été. Tant pis, il n'a plus qu'à nier ce qu'il vient de faire. Jeremiah pourra bien dire ce qu'il veut, lui signaler qu'il a réagi d'une façon particulièrement incommodante. Marlowe va faire ce qu'il sait faire le mieux : nier. Jeremiah ne sera jamais rien d'autre qu'un adversaire à abattre, et pas un allié, ou quelqu'un qui pourrait l'intéresser. Pourtant, il se sent dessus par sa réponse. Il lui parle du plus profond de son être, de son désir le plus secret, et lui lui répond en lui parlant des souhaits de sa famille. Son cœur se serre de haine. Il a enfin réussi à le toucher là où ça fait mal... Marlowe blêmit, mais trouve tout de même la force de répartir. Difficilement.
« Donc c'est tout ce que tu trouves à dire. M’assimiler à ma famille, c'est très intelligent, Montgomery. Même si je ne sais pas ce que je veux, toi non plus, tu ne sais pas. Tu te contentes de penser que je veux te contrôler... tu devrais apprendre avant de faire des suppositions idiotes. Et me donner tes cours, par la même occasion. »
Il sourit, mais le cœur n'y est pas. Il a envie de hurler à Jeremiah de ne pas le considérer comme un Weighell, mais de ne voir que lui, Marlowe. Pas le jeune homme digne de sa haine, mais quelqu'un qui vaut la peine d'être connu.

Ses lèvres sont si proches de son oreille. Il sait que Jeremiah doit sentir son souffle contre sa peau, et il essaie de la garder aussi calme que possible. Le moment ne doit pas être brisé par des réactions spontanées. Il s'agit juste d'une proximité à la fois tranquille et pleine de tension. Il ne sait pas pourquoi il est allé jusque là. Il l'a fait, pourtant. Jeremiah se recule sans pour autant quitter leur sphère d'intimité glaciale. Ils sont toujours tous les deux seuls au monde. Son regard rencontre le sien, ses superbes yeux bleus expriment une indifférence douloureuse. Marlowe retient son souffle. Il sait. Alors il a conscience de ce qui se passe entre eux ? Il a conscience de la torture que subit Marlowe à chaque fois qu'il le voit ? Qu'il pourrait perdre, parce qu'il est déjà mort, qu'il a déjà tout perdu ? Ah, si tu savais Jeremiah. Tu ne comprends pas qu'il pourrait aisément se damner, qu'il est déjà passé de l'autre côté. Il aurait envie de le lui dire. Mais alors, le téléphone sonne, et une bouffée de haine pure à l'encontre des nouvelles technologies et de toutes les personnes qui le séparent de Jeremiah monte en lui. Marlowe s'éloigne, l'air boudeur. Jeremiah le regarde, mais il ne va pas lui mentir : il déteste vraiment être interrompu alors qu'ils sont en pleine discussion existentielle. Il préfère cependant l'observer. Apparemment, il s'agit du père de Jeremiah. Il ne le dit pas clairement, mais il le devine. L'attitude de Jeremiah est assez étrange. Pâle, il semble subir un assaut en règle. Plus l'échange se poursuit, et plus il paraît perdre ses moyens. Marlowe se sent subitement mal à l'aise. Il a rêvé de ce moment où lui pourrait produire cet effet sur Jeremiah. Il n'aime pas voir que quelqu'un d'autre y arrive avec bien plus de facilité que lui. Il voudrait être le seul à faire souffrir Jeremiah, avoir le monopole de la réplique blessante. Jamais il n'a réussi à le toucher en plein cœur, pourtant. Jeremiah va-t-il donc éternellement lui échapper ?
L'échange téléphonique se termine enfin, Marlowe en témoin silencieux décide de ne pas reprendre la parole. Ce serait trop facile de profiter du moment pour enfoncer Jeremiah. Il n'est pas responsable de son état, ce serait profiter du travail d'un autre. Marlowe n'est pas dupe, il voit très bien que son ennemi cherche à lui cacher ce qui vient réellement de se produire. Il le prend vraiment pour un idiot : il sait très bien ce qui s'est passé. Aussi décide-t-il de lui épargner la cruauté, mais non le mépris.
« Bien sûr qu'on est très famille, chez les Weighell. Moi, je ne m'écrase pas devant mon père. »
Non, il se contente de suivre son destin, mais au fond, pendant longtemps, il s'y est refusé, et son père n'a jamais rien pu faire contre cela. Il n'a pas pu empêcher son fils de tomber désespérément d'un dealer, et de mourir avec lui quand celui-ci a eu un accident. Marlowe a fait ce qu'il voulait ; à présent, il veut juste avoir une vie, peu importe laquelle, et celle qui lui propose sa famille en vaut bien une autre. Elle convient très bien à son cœur vidé de toute substance. Mais jamais il ne s'est écrasé devant son père. Il se plie à son autorité, mais ne se soumet pas à ses désirs. Il a toujours été en constante résistance contre lui, lui opposant le moindre de ses actes qui était inconnu du paternel. Comme le fait de s'occuper de la comptabilité dans un établissement gay, par exemple.
« Franchement, je suis déçu. Ton père te gueule dessus parce que t'es incapable de me battre ? »
En fait, il ne le sait pas, mais cela lui paraît plutôt amusant. Il ne connaît pas vraiment Montgomery père et n'a aucune idée de la réaction que leur petite rivalité peut provoquer chez eux. Peut-être qu'il le prend effectivement très mal. Ou peut-être qu'il lui reproche, comme il vient de le lui dire, d'être incapable de battre l'héritier Weighell. Oh, son propre père lui-même n'est pas satisfait, mais il se contente de le lui faire remarquer d'un ton glacial, avant de s'intéresser à autre chose. Parfois, l'intérêt du père Weighell pour son propre fils laisse franchement à désirer...
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MessageSujet: Re: Si nos sourires s'étaient croisés... (roméo&juliette)   Si nos sourires s'étaient croisés... (roméo&juliette) EmptyLun 21 Oct - 22:24



SI  NOS  SOURIRE  S’ÉTAIENT  CROISÉS



la haine, c'est le courage qui manque aux lâches




Son regard oscillait, cherchant désespérément à se raccrocher à celui du garçon. Mais les pupilles de ce dernier lui paraissaient si lointaines, si profondes, qu'il commençait à redouter le fait de devoir affronter son père, vidé de toute énergie. Énergie qu'il puisait au fond de ces deux gouffres dans lesquels il se sentait doucement aspiré. Qu'est-ce qui, dans les yeux de Marlowe, pouvait bien lui donner tant de volonté de se battre ? Franchement, il ne le savait pas, bien qu'il n'ait pas été dupe : cela allait bien plus loin que la haine familiale, bien qu'il lui fut impossible de mettre le doigt sur la réponse à son interrogation. Une musique étrange résonnait donc dans son crâne, les paroles du jeune homme berçant son esprit avec une violence amère. Il entrouvrit la bouche, prêt à répondre. Aucun son ne sortir pourtant et il finit par se raviser, laissa un court instant ses lèvres entrouvertes pour enfin les refermer. Il ne pensait pas que le pouvoir des mots était si grand, mais surtout, que son rival le maniait si bien. Alors, il encaissa avec un léger sourire, comme si tout ceci n'avait aucune importance pour lui. A l'intérieur pourtant, oh, oui, au creux de sa gorge, une boule venait de se former et la colère commençait doucement à monter en lui, aussi incontrôlable qu'incompréhensible. Un poids lui écrasait la cage thoracique et il avait la désagréable sensation d'étouffer. Ses dires étaient sans doute des mensonges, une simple volonté de le briser ou un pur hasard bien tombé, il n'empêche qu'à les considérer vrais, alors oui, cela était douloureux. Pas au point de l'écraser définitivement cependant, juste un nouveau coup porté en surface destiné à l'affaiblir, chaque seconde un peu plus. Les Weighell, une famille unie ? Alors qu'étaient les Montgomery ? Oh, bien sûr, une merveilleuse famille, un père veillant avec attachement sur son précieux enfant, une nouvelle femme parfaitement intégrée à son nouvel univers. Un joli tableau de famille ; La vérité était toute autre pourtant. Jeremiah serra les dents et, après une profonde inspiration, se mit à ricaner, laissant doucement sa tête basculer en arrière, présentant son visage au ciel. Putain, mais que celui qui se trouve là-haut vienne l'aider, rien qu'une fois, une seule fois..!

« T'as pas l'impression d'être un pantin, Weighell ? »

Il tourna ses yeux clairs vers lui, reprit son sérieux et le fixa en silence. Il connaissait déjà la réponse. Néanmoins, cette phrase devait forcément finir par sortir. Pourquoi là, pourquoi maintenant ? L'héritier soupira vaguement. Assez, des questions sans réponses. Elles ne le mèneraient jamais nulle part, c'était évident. Il fallait qu'il apprenne à se taire, à tirer un trait dessus et à passer à autre chose. Passer à autre chose, oui, le moment était peut-être venu. Il quitta du regard son cher et tendre ennemi pour laisser ses yeux vagabonder dans le parc. Personne n'était plus témoin de rien et ils n'étaient que deux gamins rivaux sur tous les plans, mis sur le même plan et installés côte à côte par la force des choses. Il se leva alors lentement et se tourna vers Marlowe, encore assis sur le banc. Un nouveau sourire se dessina sur ses lèvres, alors qu'il reprenait, contre toute attente (et surtout, toute raison), leur petite guerre là où il venait de la laisser. Il se positionna face à son rival et s'inclina vers lui, mettant son visage à hauteur du sien et posant ses mains sur le dossier. Ses bras encadraient ainsi le corps du garçon, le forçant à se tenir immobile à cette place. De toute façon, il aurait difficilement pu fuir, tant le regard glacial du Montgomery accrochait le sien. Oh oui, il l'accrochait avec hargne, avec une passion non dissimulée, maquillée en une haine terrible. Cette nouvelle proximité s'était faite plus violemment que la précédente. Il n'était pas entré avec autant de délicatesse que Marlowe l'avait fait, dans sa bulle d'intimité. Il n'avait pourtant pas l'impression d'avoir forcé l'entrée. C'était idiot à dire, mais il avait cette drôle de sensation que sa place était bien là, face à son rival, à sourire paisiblement, d'un air assuré, alors que son cœur brisé lui déchirait la poitrine. Un juste déroulement des choses.

« Au final, t'as réussi ton petit manège : tu vois, je fuis devant l'adversaire que tu es. Il se rapprocha un peu plus, sentant presque le souffle de l'étudiant frôler ses lèvres. Une tension nouvelle apparaissait doucement. « Bravo Weighell. Tu mérites un tonnerre d'applaudissements et nul doute que ''papa'' sera fier de toi. »

L'ironie de la phrase était si forte, si présente, qu'à la prononciation de cette dernière, il avait eu la sensation d'avoir la gorge en feu. Il avait cette étincelle dans le regard et cette impression de supériorité, de puissance qui le rongeait, le bouffant de l'intérieur. A cet instant, son sang de Montgomery semblait couler fièrement dans ses veines. Ses lèvres s'entrouvrirent légèrement, laissant paraître ses dents blanches, dans un sourire plus grand, mais aussi plus sombre. Cette proximité réveillait en lui des pulsions qu'il se gardait bien de partager. L'envie de frapper de toutes ses forces cette jolie joue blanche, pour y inscrire sa marque, la marque de son poing. L'envie de dévorer ces lèvres fines, aussi, qui, si proches, était une bien grande tentation. D'ailleurs, son regard dévia jusqu'à ces dernières, avant de remonter lentement vers les yeux brillants de son rival. Tout, dans l'attitude de Jeremiah, était bon à semer la zizanie dans l'esprit de Marlowe. Il voulait le perdre, le perturber, le laisser penser qu'il refusait l'invitation à venir l'embrasser pour le ridiculiser davantage. Il soupira doucement et reprit d'une voix éteinte, sur le même ton qu'avait précédemment pris son rival : un secret que seul lui devait entendre.

« Je vais t'avouer quelque chose Marlowe : je ne te déteste pas. Il soutint son regard avec sérieux. « Non… Ce n'est pas toi que je déteste… »

Il se redressa, laissant sa phrase en suspens volontairement, non sans un dernier soupire. Il haïssait la famille de son ennemi, c'était inscrit dans ses gènes. Alors, inévitablement, il se devait de le détester. Inévitablement, vraiment ? Il esquissa un nouveau sourire et se recula, avant de lui tourner le dos. Mains dans les poches, il laissa ses pas le guider vers la sortie du parc, non sans un dernier regard au banc, en passant à hauteur du livre qu'il y laissait. Entre les pages, se trouvait encore le vulgaire ruban rouge qu'il portait habituellement au poignet, en guise de marque-page. Bizarrement, après ce moment, il n'avait plus envie de poser ses yeux sur cette couverture, ni même envie de s'identifier au personnage principal. Parce que dans la vie de ce héros de roman, Marlowe Weighell n'existait pas.

(out ♥)


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R. Marlowe Weighell
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MessageSujet: Re: Si nos sourires s'étaient croisés... (roméo&juliette)   Si nos sourires s'étaient croisés... (roméo&juliette) EmptyMar 22 Oct - 11:32

Parler avec Jeremiah, c'est comme marcher sur un fil tendu au dessus du vide. On pense être assuré de tenir, on a confiance en ses capacités. Et voilà qu'un coup de vent déséquilibre le funambule, qui n'a que deux choix : tenter de conserver son équilibre, au risque de tomber ; renoncer au spectacle et chercher désespérément à s'agripper quelque part. Marlowe déteste reconnaître que ce vent, c'est Jeremiah. Il essaie de le manipuler, et celui-ci lui glisse entre les mains, trouvant le moyen de lui faire perdre son équilibre à un endroit que Marlowe n'attendait pas. C'est cela aussi qui le fascine, chez ce jeune homme. Il est complètement insaisissable, complètement hors de portée de lui. Marlowe a beau tenté de lui porter des coups, il encaisse. Il désespère d'avoir un jour Jeremiah pour lui, rien que pour lui, sa cible favorite. Il donnerait n'importe quoi pour voir une larme rouler sur la joue de son rival, pour le voir souffrir. Pour avoir la preuve que c'est bien un humain, et non pas une espèce de demi-dieu contre qui Marlowe, simple mortel, ne pourrait rien faire. Il ne voit pas la douleur s'afficher sur le visage de Jeremiah quand il critique l'unité de sa famille. Il n'a pas cherché à lui faire mal, bien sûr, mais il aurait préféré le voir souffrir ; cette réaction stoïque est insupportable. Alors même sur sa famille, il n'a pas d'armes contre lui ? Mais que va-t-il devenir s'il est voué à perdre cette guerre, faute de moyens d'atteindre sa cible ? Il déteste Jeremiah, il le déteste d'autant plus qu'il n'arrive pas à le faire plier. Tout au plus réussit-il à renforcer sa détermination, à lui renvoyer une autre pique qui fait écho aux peurs les plus profondes de Marlowe. Le jeune homme réussit quand même à garder son calme, et à encaisser avec la même force que Jeremiah.
« J'en serais un si j'obéissais tout le temps à mon père. »
Jeremiah ne peut pas comprendre. Il ignore tout de ce que Marlowe cache au monde. En d'autres circonstances, oui, le fils Weighell serait un pantin. Mais un pantin n'aurait jamais trouvé le moyen de se défier de la main qui le guide comme lui l'a fait. Il vit une autre vie en parallèle. Il a aimé un garçon en secret, contre le vœu de son père de le voir épouser une jolie héritière qui lui ferait un bon fils. Il s'est trouvé une autre source d'argent, quelques heures de comptabilité dans un établissement de boisson pour se payer ce qu'il souhaite obtenir, et que son père ne veut pas qu'il ait. Il y a des personnes plus proches de la définition du pantin que Marlowe. Au fond, il aurait presque pitié de Jeremiah, car il est persuadé que lui ne peut pas en dire autant. C'est lui, le pantin. Il aurait voulu le lui dire, mais tout à coup, son ennemi s'anime, et Marlowe préfère voir ce qu'il a l'intention de le faire. Dire ce qu'il a sur le cœur, ce serait risquer de le couper dans son élan. Or, s'il lance une attaque, c'est qu'il pense qu'elle peut toucher Marlowe. Et Marlowe se demande ce qui, selon Jeremiah, pourrait bien le toucher. Il le laisse faire, et se retrouve donc encadrer par les bras de Jeremiah, incapable de s'en aller, sauf en forçant le passage, ce qui manque cruellement d'élégance. Les yeux de son rival le figent. Si froids, et brûlants en même temps. Derrière ce masque de haine, Marlowe le sent, il y a quelque chose d'encore pire qui se terre. Quelque chose qu'aucun des deux ne pourrait gérer si elle devait éclater. Marlowe se sent mal à l'aise. Tout paraît presque... normal. Or ça ne devrait pas être normal. Il devrait avoir l'impression d'être agressé par Jeremiah, au lieu de cela, il ne ressent qu'une banale petite tension sans grand danger. Peu lui importe, au fond, ce que dit Jeremiah ; il n'a pas l'impression de le voir fuir, il a plutôt l'impression qu'il est en train de gagner sur lui. C'est là que Marlowe comprend qu'il l'a laissé prendre l'initiative, avec son attaque, et qu'il n'arrive plus à la reprendre. Il déteste cette proximité physique. Peu importe s'il s'agit de Jeremiah ou non : il ne peut s'empêcher d'admirer les traits de ce visage honni, de sentir un violent désir pour cet être exécrable qu'il devrait plutôt détruire. Et il semble que Jeremiah a compris quel est ce secret. Marlowe pourrait céder à un homme qu'il aime. Il a beau essayé de se rappeler que Jeremiah est parfaitement hétéro, qu'il ne fait cela que pour le torturer, il ne peut pas ne pas en souffrir. Il a vraiment l'impression que le jeune homme joue avec lui, qu'il veut lui faire miroiter un possible autre chose. Alors que cela n'a pour seul objectif que de forcer Marlowe à abandonner, à se ridiculiser devant lui. Jeremiah est si cruel.
Et pourtant... Jeremiah passe sur le ton de la confidence. Marlowe, tétanisé, ne parvient pas à répondre ce qu'il lui dit. Il ne le déteste pas, lui. Il déteste sa famille, c'est évident. Marlowe sait très bien que c'est la même chose pour lui. Mais, s'il ne le déteste pas... ? Comment le croire, d'abord ? Lui, il sait que cette haine ne vient pas de lui, qu'elle est guidée par les Weighell. Mais comment être sûr que c'était aussi le cas de Jeremiah ? Il ne peut pas, et cela le rend aussi fou que de le voir s'éloigner, s'en aller comme ça, sans rien rajouter de plus. Sans doute encore une tentative de lui faire du mal, de lui faire miroiter cet autre chose comme s'il existait. Marlowe le regarde s'en aller, puis il pose les yeux sur le livre que Jeremiah a laissé. Sa première idée est de se lever et de partir sans lui accorder son attention, mais... C'est le livre de Jeremiah. Le jeune homme le ramasse et lit la quatrième de couverture. Jeremiah s'intéresse-t-il vraiment à ce type d'histoire ? Mais ça a l'air tellement ennuyeux... Enfin, peu importe. Marlowe empoche le livre, en se disant que cela lui apprendrait peut-être des choses susceptibles de venir à bout de son ennemi. Ou alors, il y a peut-être autre chose derrière son geste... mais qui sait ?
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